COMMUNIQUÉ DES COLLECTIFS CONTRE LE RACISME ET MIGRANTS DE BARCELONE EN RÉACTION À LA CÉRÉMONIE DU CHANGEMENT DE NOM DE LA PLACE ANTONIO LOPEZ

CASTELLANO: Comunicado de los colectivos antirracistas y migrantes de Barcelona ante el acto de cambio de nombre de la plaza Antonio López
CATALÀ: Comunicat dels col·lectius antiracistes i migrants de Barcelona davant l'acte de canvi de nom de la plaça Antonio López


Pendant la semaine du 21 au 27 mars, qui est la semaine de lutte contre les discriminations raciales, nous avons été témoin de la campagne médiatique que la mairie de Barcelone réalise avec l'intention de démontrer son engagement dans la lutte antiracistes. Il prétend avoir renforcé la lutte contre le racisme, mais ses actions démontrent un double discours qui ne fait rien d'autre que de consolider la fierté pour le passé colonial, qui empêche aujourd'hui la réparation historique et la révision des privilèges des citoyens blancs.

Le 25 mars dernier la mairie de Barcelone a réalisé le changement de nom, attendu depuis longtemps, de la place située en bas de la rue Via Laietana, qui avait le nom d’Antonio López, esclavagiste et trafiquants de personnes réduites en esclavage. La place a changé de nom et a été renommée Idrissa Diallo, un jeune homme de Guinée Conakry de 21 ans, mort dans le CIE (Centre de Rétention) de Barcelone la nuit du 6 janvier 2012. 


Les collectifs antiracistes, de migrants, de personnes racisées, réclamions ce changement de nom depuis de nombreuses années. Ce sont ces mêmes collectifs qui avions réuni , en 2018, 18000 signatures (dont 17840 ont été validées) d’habitants de la ville de Barcelone. Nous étions aussi, l’année précédente, intervenus dans l'espace public et nous avions rebaptisé de manière autonome la place et lui avions donné le nom de Idrissa Diallo en couvrant les plaques du monument de nos propres revendications.

Malgré nos efforts, les institutions n'ont pas répondu avec engagement et cohérence politique pour transformer le récit officiel du passé colonial et raciste de la ville, , qui exalte encore des personnages aussi déplorable qu’Antonio Lopez ou que Christophe Colomb, le Général Prim, Joan Güell i Ferrer.

Retirer le monument d'un esclavagiste est un événement important qui devrait être accompagné d'une réflexion sur le fait de vanter le rentable négoce du trafic de personnes, qui serait accepté car il fait partie du passé. Pourtant la Ley de Extranjería ne s’éloigne guère du code noir.

Nos organisations, engagées dans l'antiracisme et en lutte pour les droits des personnes racisées et migrantes à Barcelone, dénoncent depuis des années que le fait d’avoir dans l'espace public des symboles qui rendent hommage aux esclavagistes et aux colonisateurs est inacceptable et humiliant.

Nous avons fait un travail constant, dans les rues, à travers des communiqués, des pétitions, des campagnes médiatiques, pour solliciter que la mairie donne un nouveau sens à cette place, dans un processus de réparation historique des crimes de l'histoire coloniale de la ville de Barcelone.

La statue a été retiré l'année 2018 lors d'un acte dépolitisé et festif où nous ne nous sommes pas senti représentés. Encore aujourd'hui, le socle du monument, qui vante les activités du pillage des ressources et de l'exploitation des personnes dans les colonies, est installé au centre de la place. En plus du nom de l’esclavagiste, ce socle indique aussi les “vertus” qui le rendent méritant de ce lieu de privilèges.

À notre demande d'éliminer le socle qui glorifie l’esclavagiste, la mairie nous a répondu que cela allait contre la politique de la “Regiduría de Memoria Democrática” qui dit préférer contextualiser qu’éliminer. Mais ils ont fais cela avec une simple plaque explicative dans un coin de la place, où ils expliquent le motif du changement de nom.

Il est inadmissible que ce socle qui rend hommage à un personnage tristement important de l'histoire coloniale de la ville reste sur cette place rebaptisée Idrissa Diallo, victime du racisme institutionnel,mort le 6 janvier 2012, dans le centre de détention d’étrangers de Barcelone, en raison de négligence médicales.

Cette assemblée a passé des mois à dialoguer avec la mairie pour essayer de faire en sorte que le changement de nom de la place soit une action revendicative de réparation historique. Notre proposition était d'intervenir sur le socle de forme permanente pour éliminer les messages qui faisaient allusion à l’esclavagiste. Puis de donner à cet espace un sens anticolonial et antiraciste, par le biais, par exemple, d’un processus de construction d’un nouveau discours politique et historique pour cette place dont seraient chargés des personnes migrantes et/ou racialisées, en impliquant aussi des personnes de la communauté autochtone.

De plus, l’assemblée avait proposé de diriger une campagne médiatique de manière autonome, sur la mémoire coloniale et les conséquences de la colonisation aujourd’hui. La mairie n'a pas soutenu notre demande. Elle nous a même indiqué qu'elle ne pouvait pas assurer que la police municipale respecterait l'intervention que les membres de l'assemblée ferait sur le socle pour éliminer les les textes relatif à l’esclavagiste. C'est cette même police municipale qui poursuit, harcèle, frappe et arrête los manteros, qui participent à des détention au faciès.

En tant que collectif antiracistes, de migrants, de personnes racisées, nous avons été absent de cet événement que nous considérons être une fête des citoyens blancs. Nous ne sommes pas présents aujourd’hui, car, bien que nous ayons été invités à participer, nous considérons inacceptable les termes dans lesquels s’est réalisé le rebaptême de la place.

Il ne nous paraît pas cohérent de faire partie d’un événement dans lequel les agissements de la mairie sont imprécis, aseptisés. La mairie est peu engagée dans la cause qu'elle prétend défendre. Nous préférons nous organiser pour célébrer l’antiracisme et l'importance de ce rebaptême comme il se doit, au moment et de la manière qui nous paraissent le plus adéquate.

Nous n'avons pas voulu être les pions des politiques institutionnelles parce qu'il nous est impossible de penser que cohabiteront dans un même espace public ce socle qui rend hommage à un esclavagiste et le nom de la place qui rend hommage à une victime du système de contrôle et d’expulsion des personnes immigrées.

Les mouvements antiracistes, migrants, et de personnes racisées, continuons de construire la mémoire anticoloniale loin des institutions de l'État espagnol. La mairie de Barcelone a à nouveau tourné le dos à l’antiracisme. Ce qui aurait dû être un acte politique de réparation sur le passé colonial de Catalogne et de dénonciation des dispositifs racistes actuels de l'État, comme les CIE, responsable de la mort de nos frères et sœurs migrants, n’a été qu’un acte vain et vide de sens.

ASSEMBLÉE PLACE IDRISSA DIALLO
Les collectifs font partie de l’assemblée:

AfroFemKoop / Arte sin fronteras / Bloque Anticolonial Barcelona / Casa África / CNAACAT / Colectiva Katari / Emergencia Frontera Sur / Espai La Tregua / Grupo de pensamiento, prácticas y activismos afro/negros / Migra Incendiaria / Mujeres palante / Periferia Cimarronas / Putas Indignadas / Red Feminista Chilenas en Barcelona / Sindicato de Vendedores Ambulantes / SOS Racisme / t.i.c.t.a.c. / Tanquem els CIE / Tinta Negra / Tras la manta

Adhésions:
Caravana Obrim Fronteres / Coordinadora Obrim Fronteres / Stop Mare Mortum